Papa coach #2

(suite de « papa coach #1)

Devenir « Papa coach », c’est bien joli, mais comment faire ?

Une citation ironique mais si profonde

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Mon ado scotché à l’écran

J’avais détecté chez Marc une sorte de leitmotiv sur les « peurs » qui, d’après lui, le bloquaient pour continuer à produire ses vidéos. Il considérait que, de toute façon, comme nous avions qualifié avec sa mère les deux derniers films inachevés de « moyens », il n’y avait plus rien à faire, que tout était à jeter.

Effectivement, cette perspective ne serait pas réjouissante, pour n’importe qui. Et donc il était somme toute compréhensible que notre ado ne souhaitait plus affronter la critique de ses parents et que, logiquement, autant ne plus du tout s’intéresser aux films, car ils étaient « nuls » dans sa conception d’ado.

Sauf que tout était faux, évidemment : il y avait de bons passages dans ses films, et des choses à jeter. Comme dans tout. Il faut faire le tri, et pour cela, savoir se détacher…

J’ai souvent à l’esprit cette citation – volontairement ironique mais très profonde – de Winston Churchill : « Le succès consiste à aller d’échec en échec sans perte d’enthousiasme« . L’échec doit se comprendre ici comme n’étant rien de définitif mais une difficulté qu’il faut surmonter et qui nous aide à progresser.

Mon fils était donc en situation d’échec et avait perdu son enthousiasme. Il fallait donc le lui redonner, mais de façon profonde, durable, qu’il renoue avec la confiance en lui et l’estime de soi.

Un bon coaching paternel s’impose

Je décidai donc d’un plan d’action que je décris un peu plus bas et je n’avais pas peur de lui annoncer le jour précédent qu’il était convoqué mardi matin pendant au moins une heure à une « séance de coaching » où nous allions ensemble trouver des solutions à son problème de peurs et lui redonner envie de produire ses films.

En fait, la séance dura trois heures…

Cette perspective réjouissante – échapper à ses peurs – ne manquait pas de faire remonter un peu le moral de mon ado. C’était le but, d’ailleurs.

En effet, vous savez bien que lorsqu’on annonce une bonne nouvelle à venir à quelqu’un, la personne peut se réjouir trois fois : avant l’événement annoncé, pendant l’événement, et après… Je n’étais pas absolument sûr du résultat positif de mon premier « coaching officiel » avec mon fils (c’est à dire que je lui avais annoncé comme tel, tout le reste de mes enseignements précédents étant des coachings « non officiels » 🙂 ) mais j’étais confiant dans mes capacités à improviser durant la séance car je savais que j’allais trouver des difficultés imprévues.

Mon plan de coaching était donc simple:

1. Faire écrire à mon fils la « liste de ses peurs » et les classer par ordre décroissant
2. Lui faire écrire la « liste de ses plaisirs »
3. Lui demander de faire un tableau à deux colonnes « peurs » / « plaisirs »
4. Lui faire écrire une ou deux listes d’actions par projets
5. Lui introduire la méthode d’auto-motivation dite « Pomodoro » pour lui apprendre à mieux gérer son temps

Comme vous le voyez, je souhaitais qu’il mette lui-même la main à la pâte, qu’il VERBALISE et ÉCRIVE TOUT pour que les mots sortent et extirpent de cette façon les peurs diffuses de sa tête. Je voulais qu’il arrive seul – avec mon aide – à des conclusions simples sur ses sentiments négatifs qui le bloquaient dans son processus créatif, provoquaient de la souffrance inutile et le plongeaient dans l’auto-isolement.

Cela, c’est pour la théorie. Voyons la pratique…

Le grand jour !

Le mardi matin en question, je lui avais demandé de venir avec son « cahier de projets », une sorte de brouillon sur lequel je lui demande de prendre des notes importantes lorsque nous travaillons ensemble.

Il était prêt, et un peu impatient. Je notais sur son visage une sorte d’inquiétude : il ne savait pas vraiment à quelle sauce il allait être mangé !

Je l’ai fait s’asseoir confortablement, me préoccupant de son bien-être. Je lui ai remis des stylos de plusieurs couleurs car il aurait besoin de mettre en évidence tel ou tel aspect dans son processus d’écriture et je veux lui apprendre progressivement à être un peu plus « visuel » et à abandonner le monochrome lors de sa prise de notes.

Je lui ai demandé si cela ne le gênait pas que je reste debout, allant et venant dans la pièce au fur et à mesure de mes réflexions, prêt moi aussi à noter des choses à ne pas oublier dans mon brouillon. J’avais déjà procédé de la sorte lors de nos séances d’enseignement de logiciels, mais là je voulais vraiment déclencher chez lui l’acceptation d’un processus d’auto-analyse. C’est pour cela que je fus un peu plus formel que d’habitude.

La liste des peurs

Ayant obtenu son accord, nous avons débuté le coaching : j’ai commencé à lui expliquer que les peurs n’ont pas de base réelle, qu’elles sont le fruit de notre cerveau qui ne sait pas, ou ne cherche pas à expliquer tel ou tel phénomène. Que c’est normal d’avoir des peurs, que certaines nous sauvent la vie, nous empêchent d’être blessé(e), nous permettent de venir en aide aux autres. Mais toutes les peurs, à l’instar des sentiments, ne sont pas bénéfiques.

Il y a des peurs rationnelles, comme celle de mourir, celle de souffrir, d’avoir faim, soif, etc. Et puis il y a tout le « sac » des peurs irrationnelles, celles qui nous pourrissent la vie et nous empêchent d’avancer, comme celle des araignées, des reptiles, etc. Attention, il ne faut pas comprendre que les peurs rationnelles mentionnées ci-dessus ne pourrissent pas la vie de certains… Bien au contraire!

Ces peurs non clairement définies ont tendance à « grossir », à occuper notre esprit et ce faisant deviennent de plus en plus floues tout en étant proportionnellement plus présentes dans la chaîne sans fin de nos pensées. Elles ressemblent petit à petit à des fantômes ou à de « gros nuages noirs » insaisissables (cette dernière métaphore lui sembla plus correcte).

Revenant à son cas, j’ai demandé alors à mon fils d’écrire sur son cahier, spontanément et sans ordre particulier, les peurs qui envahissaient sa vie en ce moment. À chaque fois, je l’ai prié de mettre deux points avant d’expliquer exactement ses peurs, de les définir le plus précisément possible.

Il a commencé à écrire :

 » LISTE DE MES PEURS

1. Les camarades de classe : j’ai peur d’eux car je ne sais pas vraiment m’en faire des amis
2. Ne pas avoir le temps de faire des vidéos
3. Ne pas faire des vidéos de qualité
4. Ne pas être inspiré pour créer des vidéos
5. Peur de la quantité de matières à l’école : ponctualité à respecter, devoirs à faire, notes d’évaluation.
6. Peur de ramener des mauvaises notes à la maison : plus de mes parents mais de moi-même : faute, gêne, déception, regret, colère  »

…/…

Je voyais au fur et à mesure qu’il écrivait sa liste des peurs que son agitation diminuait, qu’en dépit du fait qu’il n’aime pas vraiment écrire, il trouvait une nouvelle énergie à cet exercice cathartique.

Une suggestion inédite pour mesurer l’impact

Connaissant son goût pour les mathématiques et pour « quantifier » les choses, je lui proposai alors sur le champ un exercice imprévu initialement : mesurer son niveau de stress.

Il me regarda un peu interloqué, et je lui expliquai alors (à l’instar des niveaux de douleur auto-évalués par les patients) qu’il lui fallait indiquer, sur une échelle de 1 à 10, son niveau de stress : 0 ou 1 pour un stress inexistant, 10 pour un stress maximal, des tremblements, des sueurs froides, etc…

Ayant compris, je lui demandais alors quel était son niveau de stress au début de notre séance : « 6/10 ». Je notais en vert, sur son cahier, tout au début, « Stress: 6/10 ».

Ensuite je lui demandais : « et maintenant ? »… « 4/10 ». Ravis, nous avons écrit tout de suite ce bon résultat, en vert, dans la marge, à côté de sa liste des peurs.

Mais ce n’était pas terminé, loin de là…. (à suivre)

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